Photo de @Laura Sauvage
Régulièrement je reçois des commentaires ou des DM sur insta qui me disent :
« Quel diplôme il faut avoir pour être photographe ? »
« As-tu fait une école de photo ? »
« Quels ont été tes jobs avant d’être photographe ? »
Ou alors la question qui revient le plus et qui a tendance à m’irriter :
« C’est ton vrai métier photographe ? » (Spoiler alert : Oui.)
Du coup, je me suis dit qu’un petit article vous racontant mon parcours scolaire et professionnel serait peut-être intéressant ! C’est parti !
L’école :
Revenons tout d’abord sur mon parcours scolaire. J’ai fait la quasi-totalité de ma scolarité dans une école Waldorf (école privée à pédagogie allemande). J’y suis resté de mes 4 ans à mes 17ans. J’ai adoré cette école. Quoi que certains en disent, je m’y suis sentie libre, écoutée, considérée. J’y ai construit des relations qui, aujourd’hui encore, plus de 20 ans après, restent parmi les plus importantes de ma vie. J’y ai développé mon sens critique, mon sens artistique, mon ouverture aux autres et au monde. Durant ma scolarité j’ai eu tout un tas d’opportunité, comme faire du théâtre, partir 3 mois à l’étranger seule et aller à l’école dans un autre pays, sculpter du bois, apprendre la couture, apprendre le travail de la terre,
mais aussi apprendre les bases de la photo et de la vidéo. Paf, le déclic est arrivé à ce moment-là : plus tard ce serait mon métier.
A la fin de ma seconde, j’ai quitté cet établissement car il ne proposait pas d’avantage de classe. Beaucoup de mes camarades se sont orienté vers un lycée classique pour terminer leur cursus et passer leur Bac. Pour moi qui n’avais jamais connue autre chose que cette école et une ouverture d’esprit importante, il me semblait inconcevable de partir dans l’éducation nationale et découvrir ce qu’était une école classique. De plus, j’avais rencontré mon chéri depuis déjà un an et je voulais vivre avec lui. Pour cela il me fallait un travail. Enfin, je ne voulais pas particulièrement passer mon Bac car je savais que mon futur métier ne le nécessiterai pas forcement et je n’attache pas une grande importance aux diplômes de manière générale.
Après le lycée : études photo et boulot alimentaire.
Me voilà donc parti pour une nouvelle aventure : travailler à mi-temps chez McDo et cumuler en même temps un CAP photographe par correspondance !
Je voulais simplement vivre avec mon chéri et apprendre la photo et ce combo me convenait parfaitement.
Au bout de quelque temps j’ai obtenu haut la main (mais non sans mal) mon CAP photographe. Cette expérience m’a appris la difficulté de s’auto gérer, et de s’imposer une rigueur nécessaire pour travailler. Je n’en avais pas encore conscience à ce moment-là, mais ces compétences allaient bien me servir par la suite ! J’ai continué de travailler à McDo car c’était plus simple que de trouver un autre travail. D’autant que c’était déjà clair dans ma tête : je ne voulais pas
bosser pour un patron, mais je voulais être photographe à mon compte.
McDo m’a offert des possibilités d’évolution, et petit à petit j’ai gravi plusieurs échelons. J’ai été, entre autres, formatrice (je formais les nouveaux arrivants) puis manager durant de longues années, et même si le travail était un peu ingrat et pas assez payé à mon goût, j’y ai énormément appris. J’ai eu l’occasion d’ailleurs d’aller deux fois au siège social à Paris afin de passer 2 diplômes de management desquels je suis sorti major de promo.
En tant que manager, l’une de mes responsabilités était la responsabilité du pôle formation. C’était maintenant à moi de former et gérer les formateurs·rices pour qu’ielles forment les nouveaux·elles employé·es.
En 2014, j’ai décidé d’ouvrir mon autoentreprise pour être photographe. Je faisais quelque petits boulots photo de ci, de là, tout en cumulant toujours mon travail chez McDo. J’ai commencé à faire des photos de concerts et de festival et je me suis régalée dans ce domaine. J’ai beaucoup appris en photographie en faisant cela, car dans de pareils évènements on ne maitrise aucun élément extérieur. Ni le décor, ni la lumière, ni l’espace… Cela m’a appris à faire au mieux avec ce qui se présente à moi.
J’ai découvert à ce moment-là à quel point j’aimais immortaliser les émotions des gens. J’adorais attendre le moment propice pour capturer le sourire d’un·e spectateur·rice ou l’expression marquée d’un·e artiste.
Pendant plusieurs années, j’ai fait mes preuves en tant que photographe, décrochant même 2 ou 3 mariages. En parallèle, j’ai bossé d’arrache pieds chez McDo pour obtenir le plus de primes et d’heures supplémentaires possible. Le plan était simple : Mettre le plus de sous de côté (je m’étais fixé une somme de 5000€ minimum à atteindre) pour avoir un matelas financier de sécurité, et quitter McDo pour n’être plus qu’à mon compte.
Il m’aura fallu 4 ans pour atteindre cet objectif. 4 années d’économies intenses, et de boulot acharné.
Le commencement de mon « vrai métier » :
En 2018, j’ai quitté McDo et je me suis lancée.
J’ai touché mon chômage pendant 2 ans ce qui m’a permis de pouvoir vivre avec le minimum nécessaire sans que je ne m’inquiète outre mesure d’avoir suffisamment de boulot photo. Pendant deux ans, je me suis constitué un réseau de clients et de collègues. Pendant ces deux ans là j’ai également énormément appris grâce à des tutos sur YouTube, des échanges entre professionnels mais également des formations sur la plateforme Empara. Je me suis rapidement tourné vers le monde du mariage, d’abord pour son aspect pécuniaire, et puis je me suis rendu compte que cela me procurait le même plaisir que sur les concerts et les
festivals : j’adorais immortaliser les émotions des gens. J’ai donc décidé d’en faire mon activité principale. Je me suis également auto-formée sur la vidéo. J’avais brièvement abordé ce sujet à l’école d’abord, et ensuite durant les concerts où il m’était arrivé de faire quelques tournages d’interview ou de morceaux acoustiques.
J’ai découvert par la vidéo une autre dimension de la capture de souvenirs qui m’a émue profondément, et j’ai donc décidé de compléter ma palette de services par cela.
L’indépendance :
En 2020, le chômage s’est arrêté pour moi et j’ai commencé à me verser mon premier « salaire » de moi-même, à moi-même, pour moi-même. Quelle fierté !
Depuis lors, j’ai continué à investir dans mon entreprise tout comme dans mes connaissances personnelles. Je continue à me former en photo et en vidéo, j’apprends l’anglais… J’ai investi dans du matériel, dans du marketing… Le Covid et tout ce qu’il a entrainé (confinements, restrictions, annulations et report de mariages…) m’a permis de comprendre que mettre tous mes œufs dans le même panier n’était pas une bonne idée. J’avais basé tout mon business sur les mariages et quand ceux-ci se sont mis à être annulés ou reportés les uns après les autres, j’ai vite déchanté en me disant « que me reste-t-il ? »
J’ai donc commencé à diversifier mon offre.
J’ai vendu des tirages, j’ai écrit un e-book pour donner des conseils pour améliorer ses photos au smartphone, j’ai communiqué plus encore sur les séances photos, j’ai créé un carnet de souvenirs pour les futurs et jeunes marié·es.
Je me suis également souvenu à quel point mon expérience de formatrice chez McDo m’avait plu et à quel point transmettre et partager aux autres était quelque chose qui me passionnait. J’ai donc décidé d’enseigner les dessous de mon métier aux photographes qui voulaient développer leur business de photographe de mariage. C’est comme ça qu’en février 2022 j’ai réalisé un Workshop sur le sujet.
Celui-ci fut une réussite et une révélation aussi bien pour mes élèves que pour moi. C’était mon premier, et ce ne sera certainement pas le dernier…
Enfin, en 2022 j’ai également passé deux paliers important : celui de changer de statut d’entreprise et d’avoir un comptable qui va avec, ainsi que celui d’embaucher une assistante afin de me seconder dans mes taches du quotidien.
Voilà mon parcours !
Je n’ai jamais voulu suivre les chemins conventionnels, et j’ai toujours tenu à suivre mes intuitions et mon cœur. Je pense que cela m’a réussi. Je suis fière et heureuse d’être là où je suis aujourd’hui et j’espère continuer à évoluer encore et encore.
Je vous laisse sur ces quelques mots à demi poétiques !
Des bisous
Ninon.
Quel beau parcours, merci pour ce partage inspirant !!